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FABLES DE PHÈDRE.
3.— LES GRENOUILLES QUI DEMANDENT UN ROI.
Athenæ cum florerent æquis legibus,
Procax libertas civitatem miscuit

Frenumque solvit pristinum licentia.
Hic conspiratis factionum partibus
Arcem tyrannus occupat Pisistratus.
Cum tristem servitutem flerent Attici
(Non quia crudelis ille, sed quoniam gravis
Omnino insvetis), onus et coepissent queri,
Æsopus talem tum fabellam rettulit.
Ranae vagantes liberis paludibus

Clamore magno regem petiere ab Jove,
Qui dissolutos mores vi compesceret.
Pater deorum risit atque illis dedit
Parvum tigillum, missum quod subito vadis
Motu sonoque terruit pavidum genus.

3.— LES GRENOUILLES QUI DEMANDENT UN ROI.

Alors qu’Athènes florissait sous des lois égalitaires, les agita¬
 tions d’une liberté turbulente mirent le désordre dans l’État, et la
 licence relâcha les vieilles entraves. Grâce à une entente entre 
les hommes des différents partis, Pisistrate usurpant l’autorité
 s’empare de la citadelle. Les Athéniens déploraient leur funeste
esclavage, non que ce maître fût cruel, mais il leur pesait, parce
que, d’une façon générale, ils n’avaient pas l’habitude du joug.
 Comme ils en venaient à se plaindre de leur fardeau, Ésope leur
 raconta cet apologue : Les grenouilles errant en liberté dans leurs marais demandèrent 
à grands cris à Jupiter un roi, pour réprimer par la force le 
dérèglement des mœurs. Le père des dieux sourit et leur donna
pour maître un petit soliveau, dont la chute soudaine au milieu
 des étangs épouvanta par la secousse et par le bruit la gent